L'idée de décoïncidence proposée par François Jullien offre une perspective d'ouverture pour sortir de tous les collages d'avec les idéologies, les normes, les modes, d'avec tout ce qui crée une adéquation totale entre deux termes, deux êtres. Ce qui s'attache ne se questionne pas, car aucun écart n'est envisageable lorsque les éléments sont liés, coïncidants.
Si une personne coïncide avec son passé douloureux par exemple, elle est en quelque sorte enfermée avec lui.
Une proposition thérapeutique "décoïncidante" ouvrira les portes des possibles, sans viser une quelconque réparation, afin de permettre à cette personne de sortir de la fusion d'avec son passé pour envisager un présent et un futur créatifs, non répétitifs et lui permettre de passer du (1+1 =1) formule du collage, au (1+1=3) de la décoïncidence vivifiante.
Le thérapeute consulté se doit de ne pas être coïncidant avec les concepts théoriques, les normes pratiques, les étiquetages nosographiques qui l'environnent, de toujours préserver le (1+1=3). Sinon, comment pourraient se produire des écarts, des fissures, des bifurcations, de l'espace vivifiant pour cet autre qui vit reclus avec son passé ?
